Mettons que je suis sur le point de partir en vacances dans un endroit où j’aurai autre chose à faire que de prendre soin de moi, genre Big Sur en Californie en mode camping hippie dans un combi Volkswagen.
Mettons que je ne compte pas me sécher les cheveux, me faire faire les ongles ou même en fait, soyons très honnêtes, me maquiller.
La seule chose que je compte faire niveau hygiène corporelle, c’est me laver, m’hydrater, me protéger du soleil et, à l’occasion, me raser les jambes. Ok, les grands soirs, je promets de mettre un peu de mascara.
Mettons que mon trip dure une dizaine de jours. Et maintenant, question :
À quoi vais-je ressembler, exactement, quand je serai rendue à l’état naturel ?
Et bien je peux vous le dire tout de suite : à pas grand chose.
Pourtant, des fantasmes de beauté naturelle en vacances, j’en ai des wagons (Volkswagen, ahah). C’est pas ma faute, c’est les magazines (j’adore tout mettre sur le dos des magazines) qui nous font des pages beauté d’été à pâlir (même la transpiration des mannequins est belle, perlée, translucide, sublime, sexy – j’aimerais bien qu’ils viennent faire un tour dans mon tee-shirt la prochaine fois que je fais une rando) et qui nous font croire que c’est parfaitement normal d’avoir le poil lustré sous les cocotiers.
Des fantasmes de mains hydratées, aux ongles brillants. Des fantasmes de crinières libres et salées et de bronzage tellement parfait qu’on (enfin, la fille en photo, quoi) n’a même pas besoin de mettre une once de maquillage pour ressembler à une sirène Instagram.
Bon, la vérité c’est que le make up a pris trois heures et que même les orteils ont été recouverts de fond de teint et de poudre bronzante et d’hydratation et de photoshoppation…
MAIS JE M’ÉGARE.
Parce moi les enfants, moi, je vis (la plupart du temps) dans la réalité.
Et que je viens d’ôter mon vernis moi-même (chose qu’une New-Yorkaise fait rarement, et c’est sûrement pour la simple et bonne raison qu’aucune New-Yorkaise ne veut être confrontée à l’état naturel de ses ongles – et que les manucuristes se gardent bien de nous les montrer) et je peux vous dire une chose : ne vous fiez pas aux vernis éclatants que vous voyez courir dans les rues de la ville.
En dessous, nos pauvres ongles sont affaiblis, desséchés, abimés. Ils ont probablement besoin de vacances eux aussi, les pauvres.
Moi, c’est mon cas. Et je suis bien embêtée parce que chacune sait qu’un ongle brillant dure trois jours, et qu’après c’est la débandade. Alors on fait comment quand on part dix jours en mode roots rock reggae ? On laisse ses ongles au naturel, on les hydrate et on leur fout la paix.
Sauf que moi, là, franchement, vu leur état, je ne peux pas.
Pareil pour mes cheveux. Ils ont poussé, donc c’est bien parce qu’au niveau retour à la nature, une chose est claire, tout est mieux que les cheveux courts qui se transforment en boule frisée sur le dessus de ma tête à chaque plongeon – souvenir cuisant ramené du Costa Rica. TOUT. Et maintenant que je peux les attacher, je pourrai juste me dire : fuck it !!! Cheveux plaqués pendant dix jours !!!
Mais c’est le contraire de ma vision magazine fantasmée de camping Volkswagen hippie. Moi, j’ai envie de profiter enfin de mes boucles, de les laisser sécher au soleil, cheveux aux vent, eau salée dans mes mèches, telle une Ari Westphal et son esprit 70s…
Sauf qu’un fantasme est un fantasme. La vérité, c’est que mes cheveux à l’état naturel, c’est plutôt option caniche à poils longs. Ils sont soit trop frisés, soit rêches comme de la paille, soit (si j’essaye de les contenir en les enduisant de quoi que ce soit) huileux. J’ai aussi toujours rêvé d’apprendre à faire des tresses, mais c’est le truc le plus compliqué du monde, mes doigts se mélangent, je n’y arrive pas !!! Qui arrive à faire ça à part les filles de Pinterest ? Qui sont les filles de Pinterest ???
Là non plus, je ne sais pas. Je ne peux pas.
Enfin, le maquillage. Oui, je sais. On a toutes envie qu’un simple hâle nous habille, telle Gisèle courant sur la plage dans la pub Chanel N°5 (4 heures de maquillage)(+Baz Luhrmann derrière la caméra)(+Gisèle, quoi)(Bon, on est d’accord, je me pose toujours la question : qui mettrait du N°5 pour aller surfer ?)(remarque, le parfum porte tellement loin que c’est peut-être un bon plan pour attirer les surfers canons ?)(Ou les requins ?). Mais après on s’habitue à notre visage maquillé, enfin au moins nos yeux, tellement plus profonds avec un peu d’ombre, et nos sourcils, qui sans une touche de crayon sont inexistants, ou nos lèvres, qui sans un soupçon de gloss disparaissent…
A cause de tout ce romanticisme sur le naturel, on pense pouvoir être canon sans rien faire à son visage, sans rien faire à ses ongles, sans rien faire, quoi, quand soudain on se regarde dans le rétroviseur de nos vacances et on se retrouve face à face avec une créature hirsute, soupirant de désespoir.
Est-ce que se sentir connectée à la nature valait ce naufrage esthétique ?
Nature ou culture ? Hein ? Hein ?
Et bien je crois que je vais répondre à la question comme suit, et faire des compromis avec la vérité, à la Française… Des trucs de beauté cachés, quoi, l’air de ne pas y toucher (Oh ? Moi ? L’été ? Je ne fais rien, juste une touche de N°5 avant d’aller à la plage !) Des compromis comme :
1/ Mettre une couche de vernis sur mes orteils et prier pour que ça tienne à peu près dix jours (non n’insistez pas, je ne mettrai pas de gel, je tiens à ce qui me reste d’ongles) et me promettre qu’après ça je ne mettrai du vernis qu’avec parcimonie, parce que quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, se faire faire des pédicures à répétition, ça bousille les ongles.
#optioncachemisère
2/ Niveau mains, garder mes ongles courts et naturels, pas de vernis, ça s’écaille trop vite et après on se les triture pendant tout le reste des vacances.
#optionpragmatique
3/ Niveau cheveux, aller voir Clyde et faire un petit traitement à la kératine histoire de pouvoir lâcher mes cheveux et les secouer avec une moue sexy sans qu’un oiseau vienne faire son nid à l’intérieur.
#optionfemmeencontrôle.
4/ Me faire une micro trousse de maquillage avec les essentiels des essentiels et m’y tenir tous les jours, histoire de m’accrocher avec élégance à mon amour-propre.
#optionnelâcherien
5/ Et dans le futur, considérer l’option tatouage des sourcils. Je sais, ça semble complètement dingue mais j’ai une amie qui l’a fait et c’est sublime, on dirait ceux de Kylie Jenner (= 4h de maquillage + deux heures de retouche) tellement ils sont parfaits, selfie-ready, nickel.
Oui, ça me déprime un peu, mais l’état de nature total ne marche pas vraiment pour moi, et, comme dirait Oprah Winfrey, acceptance is the way. (???) Enfin je suis sûre qu’elle pourrait dire ça, quoi.
Vous faites comment pour vous sentir belle quand vous retournez à la nature, vous ?