Comment vous voyagez, vous ?
Je viens juste de rentrer de Grèce, un voyage de presse où je me suis rendue pour interviewer l’incroyablement pétillant et adorable Michael Kors* et tout était merveilleux, de l’hôtel à la nourriture l’attention aux détails à…
Tout. Même le voyage, et je veux dire par là les “déplacements” étaient remarquables.
Je suis arrivée à l’hôtel en hélico, quoi. Quand même.
En mode cheveux dans le vent et petit sac à la main, à la Jackie O.
Et franchement, j’adore. La jet set, c’est tout un trip. Ce n’est pas la première fois, et si cette fois-ci était particulière parce que j’étais invitée, il m’arrive parfois de m’envoyer toute seule dans des endroits fabuleux, juste parce que j’ai envie de découvrir un hôtel ou une expérience et que c’est ma façon à moi de me faire plaisir. Comme cet hôtel merveilleux dans le Sud du Maroc, vous vous souvenez ? Ou celui-ci, en Grèce. Oh, et celui-là, à Bali ! Magnifique !
J’aime beaucoup l’expérience du luxe, surtout quand celui-ci n’est ni ostentatoire ni obséquieux, mais opère plutôt comme une sorte de magie, un voile de douceur posé sur le monde. Un hôtel merveilleux, un voyage en première, un massage dans un spa du bout du monde, c’est comme si soudain on était dans un rêve.
On nous sourit, nos moindres voeux sont exaucés, notre linge oublié au sol nous revient frais et repassé, notre lit est ouvert comme par magie quand on rentre se coucher, tout sent bon, tout vient à nous, tout n’est qu’ordre, calme, et volupté.
On se sent belle, royale presque, bien nourrie avec des ingrédients sélectionnés pour notre bien-être et notre équilibre, bien musclée avec des salles de gym qui donnent envie de faire de la gym et les traits reposés par tant de soins du visage et tant d’attentions.
Comme si plus rien ne pouvait nous atteindre.
On oublie très vite le monde qui s’agite, autour.
On aurait presque tendance à ne pas vouloir quitter son petit paradis, d’ailleurs. Visiter les alentours ? Mouais, attends, je crois que j’ai un massage…
Et oui.
C’est peut-être pour ça que mes prochaines vacances vont être dans un van, en mode camping. Chris et moi, on a prévu de prendre notre Luluchien sous le bras et d’aller camper à Big Sur, en mode super roots. On adore.
C’est à peu près le contraire de l’expérience de l’hôtel fabuleux. Soudain, tout est compliqué. Trouver un endroit pour passer la nuit est compliqué. Se faire un café est compliqué. Conduire dans des endroits inconnus est compliqué. On laisse son t-shirt au sol… Et on le retrouve dans la boue (si on a la chance qu’un animal sauvage ne l’ait pas emporté, nous faisant croire en plein milieu de la nuit très noire qu’un fantôme attaquait notre campement).
Même aller aux toilettes est compliqué.
Et si l’on se sent belle, c’est seulement parce qu’on n’a que le miroir du rétroviseur pour s’observer. En général, même avec des techniques de glamping (glamour + camping, un concept que j’aime beaucoup, mais que j’ai du mal à mettre en pratique) de dingue, on a le cheveu approximatif (les bons jours), on oublie de se maquiller tellement on communie avec la nature, et nos vêtements, comme au Costa Rica avec ses routes poussiéreuses, prennent tous une couleur Terracotta qui n’a rien de Guerlain.
Quant à manger équilibré, ahah ! Ça peut se faire, mais il faut se lever tôt (ce qui se fait naturellement en général de toutes façons, parce que c’est pas comme si on avait des rideaux occultants, hein).
Et pourtant, c’est une toute autre magie, qui pour moi vaut tout à fait l’expérience des vacances luxueuses. Plus, même, parfois.
C’est la surprise du petit matin, seuls au monde devant un panorama immense. C’est le bonheur de se faire griller avec les moyens du bord un poisson qu’on a pêché une demi-heure auparavant, c’est se connecter à la nature comme on ne le fait plus que très rarement. C’est aussi ce truc très con, se sentir un aventurier.
Jamais je n’aurais pensé aimer autant le camping, parce que dans ma famille, c’est vraiment pas mais alors pas mais alors pas du tout une culture, c’est plutôt une anti-culture, dans le genre “ah non, nous le camping, JAMAIS !” Du coup j’avais toujours pensé que c’était forcément l’horreur les étés camping. Rien que le mot me faisait hérisser les poils. Je voyais les touristes passer avec leurs sacs à dos et je leur envoyais des regards compatissants genre, oh ! les pauvres.
Jusqu’à ce qu’un jour je parte en randonnée avec un sac à dos, dans les montagnes corses, sur le GR20, et que je découvre les plus beaux paysages que je n’avais jamais vus, et que j’adore l’ambiance des refuges où tous les marcheurs se retrouvent et partagent leurs aventures et leurs provisions. Jusqu’à ce que je décide de faire le tour de l’Europe en stop, par amour et avec un gros sac à dos – et que je vive des aventures incroyables. Jusqu’à ce que mon amoureux de l’époque, qui avait des souvenirs de camping en famille merveilleux, me convainque d’acheter une tente et d’aller faire le tour du Portugal, encore aujourd’hui l’un de mes voyages les plus mémorables.
Tous ces extrêmes m’ont appris à voyager, et à ne pas faire de distinction entre les expériences – voire de les superposer. Il m’est arrivé par exemple de prévoir des vacances en mode routarde, avec deux jours d’arrêt dans un hôtel 18 étoiles – arriver avec ses sacs à dos et ressortir deux heures plus tard, frais et apprêtés, pour aller se boire un verre de champagne au bord de la piscine. Ou de décider, au milieu d’un séjour dans un palace, d’aller passer une nuit à dormir sur la plage.
Le voyage, c’est comme le style, pas une question d’argent, mais une question de curiosité, d’enthousiasme, d’envie, de mix, de goûts personnels, et bien sûr d’où on est dans la vie (on a plus de chance de partir visiter le monde avec son sac à dos quand on est un étudiant fauché que d’arriver en hélicoptère à son hôtel, c’est clair.) Ce qui est triste, c’est de se mettre dans une catégorie et de ne plus en sortir. C’est de considérer les gens qui ne voyagent pas comme nous comme “les autres” et ne pas comprendre qu’on peut avoir envie de choses différentes à différents moments et que cela ne fait pas de nous des voyageurs moins intéressants.
Comme pour le style, le voyage ce n’est pas se coller une étiquette mais voir la beauté et le luxe dans chaque petite chose, dans chaque détail, dans chaque moment.
Ou parfois tout simplement, ça peut-être s’écrouler sur une plage pour dix jours, autre concept que je méprisais quand j’étais jeune et aventureuse et que je comprends maintenant que j’ai une vie de New-Yorkaise hystérique en manque de sommeil.
Ça me rappelle une remarque que je m’étais faite, alors que je vendais mes croissants aux plaisanciers**, quand j’étais ado, en Corse. Depuis ma petit coque de noix, je vendais des croissants aux occupants de yachts merveilleux, immenses, incroyables, avec des hélicoptères garés sur leurs toits et des femmes aux déshabillés impeccables, entourées d’un équipage aux petits soins… Comme à ceux de tout petits bateaux tellement rafistolés que je me demandais s’ils n’allaient pas couler avant la fin de leur vacances, débordants de familles joyeuses qui me commandaient 10 000 croissants avant de faire les comptes et de me dire que finalement non, c’était trop cher mais qu’ils m’invitaient à prendre un verre de vin avec eux sur le pont, si je voulais…
Je m’étais dit que cette sensation de bonheur, d’été, de vacances, était la même pour tout le monde. Le soleil, la mer, (ou le parc, même, si l’on doit rester en ville) l’esprit de l’été sont là, à portée de main, pour tout le monde. Le soleil est là pour tout le monde, brûle nos peaux et nous fait du bien, à tous, pareil.
Ça m’avait vachement plu, de réconcilier le monde, comme ça.
Vous les passez où, vos vacances ?
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* MK est du style à danser sur les tables après un diner, et à faire semblant de marcher sur un catwalk et… Bref, on savait déjà qu’il avait un goût impeccable et qu’il était hilarant, mais alors là, impossible de ne pas tomber sous son charme. (Non mais qu’est ce qu’il est sympa, et drôle ! J’ai hâte de vous livrer son podcast !)
** Mon premier job, en Corse, vendre des croissants aux plaisanciers qui mouillaient leurs bateaux dans mon village. J’avais un petit bateau, et ma meilleure amie Anne et moi, on allait prendre commande le soir et on livrait les croissants et les pains au chocolat tout chauds à domicile, le matin. Le Seamless corse, quoi !